La paracha Vayigash commence par la confrontation entre Yehouda et Yossef. Yehouda, s’étant porté garant pour ramener Binyamin à son père, s’oppose à Yossef, vice-roi d’Egypte, en ces termes : « Yehouda se présenta devant [Yossef] en disant : De grâce seigneur ! Que ton serviteur fasse entendre une parole aux oreilles de mon seigneur et que ta colère n’éclate pas contre ton serviteur, car tu es l’égal de Pharaon ».
Yehouda et ses frères furent jugés par Yossef pour le vol de sa coupe. Lors d’un jugement, il existe deux façons d’en sortir acquitté. On peut prouver qu’on n’est pas l’auteur du méfait en s’appuyant sur des preuves et témoignages, tel que le prévoit la loi et le système judiciaire. Ainsi, on échappera à toute punition. Il existe également une autre voie : reconnaître ses torts et implorer le pardon. Ici, Yehouda demanda à Yossef qu’il le prenne en pitié lui et sa famille sans tenir compte des règles de la justice égyptienne, selon lesquelles est fixé un barème de punition pour les voleurs auquel on ne peut déroger ! Mais le roi est au-dessus des lois et a la possibilité d’accepter les supplications et d’abandonner les poursuites. C’est le sens de l’argument de Yehouda : « car tu es l’égal de Pharaon », et donc tu as l’autorité nécessaire pour annuler la punition qui nous attend. On trouve également cette idée dans ses premiers mots : « bi adoni – De grâce seigneur ! », où l’on voit bien que Yehouda demanda une dispense par mansuétude.
Ainsi, nous pouvons apprendre de cet enseignement une leçon pour notre vie de tous les jours. Quand nous prions Hashem, il faut implorer Sa grâce et Sa miséricorde et non pas le mérite de nos actions. En effet, si on demande quelque chose car on estime que ceci nous revient, eu égard à nos bonnes actions, cela déclenche une accusation dans le Ciel où on examinera en profondeur « notre dossier ». Qui mieux que Moshé Rabénou qui implora Hakadosh Baroukh Hou pour rentrer en Israël, mais n’utilisa pas ses immenses mérites mais uniquement la bonté divine !