Après Térouma et la description de la construction du Sanctuaire, notre paracha Tetsavé détaille longuement les habits que devaient porter les Cohanim et le Cohen Gadol.
La Thora nous apprend que Moshé Rabénou fut le préposé à la confection de ces habits, et en particulier, de ceux de son frère Aharon, Cohen Gadol. Un des 8 vêtements que portait le Cohen Gadol était le ‘Hoshène – le pectoral, qui était composé d’une plaque incrustée de 12 pierres précieuses : les Ourim véToumim. Chacune de ces pierres représentait une des douze tribus d’Israël.
Le Midrash nous enseigne que ce prestigieux habit fut donné à celui dont le cœur se réjouit de la grandeur de son frère, qui fut choisi par Hakadosh Baroukh Hou pour diriger le peuple.
Nous savons qu’un des grands principes de la Thora est “mida kénéguèd mida” : la loi du talion, souvent symbolisée par l’expression « œil pour œil, dent pour dent ».
Cette loi consiste en la réciprocité du crime et de la peine, mais est également applicable pour les récompenses attribuées à celui qui aurait su se dépasser. C’est en fait une règle fondamentale de la conduite divine, que ce soit avec les juifs ou les goyim.
Nous devons donc comprendre quel est le rapport entre la joie sincère d’Aharon et la récompense du pectoral.
Le Messilat Yésharim enseigne que la recherche des honneurs provient du fait que nous ne voulons pas nous sentir moins importants que notre prochain. Nous voulons en réalité ressortir, nous faire voir, montrer que nous sommes aussi dignes d’honneurs et de renommée. Le Messilat Yésharim enseigne qu’il est impossible de vivre sans cela.
Si la Thora enseigne qu’Aharon se réjouit, elle proclame donc qu’il rejeta toute mise en avant et toute volonté de paraître ! Toutefois, il était plus âgé que Moshé Rabénou et était déjà le prophète des Bné Israël pendant les 40 ans où son frère s’était enfuit à Midyan. Aharon put donc penser qu’il méritait d’être le prophète qui parlerait avec Hashem, et de diriger lui-même le peuple ! Non ! Il céda la place à son petit frère et resta discret dans son coin, sans prétendre à un quelconque poste !
Rabénou le Rav Guershon Liebmann explique ainsi la récompense du pectoral pour Aharon. Puisqu’il abandonna la prophétie qui aurait pu lui revenir, Hakadosh Baroukh Hou lui offra le ‘Hoshène avec les Ourim véToumim, par lesquelles passaient les prophéties divines que seul le Cohen Gadol pouvait décrypter. C’est ainsi qu’en fuyant les honneurs, il reçut en contrepartie qu’il serait le seul à pouvoir déchiffrer la sagesse et les conseils divins, et ainsi, tout le peuple devra passer par lui !
A plus forte raison devons nous apprendre d’Aharon Cohen à nous réjouir sincèrement des succès de notre prochain, sans prendre en considération notre propre personne.