Nous avançons à grand pas dans le mois d’Elloul, et donc du jugement de Roch Hachana. Lorsqu’on est convoqué au tribunal pour un jugement, on s’y prépare au mieux avec les meilleurs avocats, à plus forte raison si la peine encourue est la peine capitale. Au fur et à mesure que la date du jugement approche, on est pris de panique et angoissé quant à son issue. Pourquoi donc ne sommes-nous pas du tout préoccupé par Roch Hachana ? Le juge n’est pas de chair et de sang mais il s’agit bien d’Hakadosh Baroukh Hou, qu’on ne peut pas corrompre, et malgré cela, le mois d’Elloul passe chez nous comme si de rien n’était, et c’est même parfois le cas pour Roch Hachana !
Notre maître le Rav de Brisk ne ressentait aucun goût dans la nourriture depuis le début d’Elloul, car il avait toujours dans la tête la crainte du jugement de Roch Hachana !
Il y a encore quelques générations, le ‘Hatam Sofer témoignait que même les personnes les plus simples tremblaient pendant Elloul.
Pourquoi donc une telle indifférence de notre part ?
En réalité, nous nous appuyons sur les Roch Hachana précédents qui se sont bien passés, et nous sommes donc inconsciemment persuadés que nous ne risquons rien, même si nous ne nous repentissons pas ! Cependant, la question demeure car la plupart d’entre nous jouent de façon plus ou moins régulière au loto, tout en sachant que nous n’avons qu’une chance sur plusieurs millions de gagner. Pouvons-nous dire du même du jugement de Roch Hachana ? En regardant autour de nous, on comprend malheureusement facilement que le risque est beaucoup plus grand !
Le Rav Elyahou Lopian explique que notre indifférence provient du sentiment d’impuissance qui s’empare de nous inconsciemment, et qui nous convainc que nous sommes incapables de changer.
Mais le Rav Israël Salanter donne une autre explication : le fait d’être constamment « embourbé » dans la matérialité empêche notre cœur pur de craindre Hachem. Les plaisirs de ce monde font perdre à notre néchama (âme) sa pureté, et forcément la crainte du jugement ne peut apparaître.
Voici donc devant nous deux axes de travail pour Elloul : se convaincre que nous avons la force de changer et de servir mieux Hachem, mais également réduire nos plaisirs matériels avant de refaire prendre le dessus à notre côté spirituel. Après cela, nous pourrons ressentir au mieux l’importance capitale de cette période, où Hachem décidera de la vie, de la santé, de la parnassa, du shalom bayit …