Nous commençons cette semaine le cinquième ‘Houmash : Dévarim. Il est surnommé Mishné Thora, car Moshé Rabénou, avant de quitter ce monde, revient sur toute l’histoire du Am Israël depuis la sortie d’Egypte et les 40 années passées dans le désert.
Dès le début, Moshé fait des remontrances aux Bné Israël en citant tous les lieux où ils ont fauté. Rachi nous explique que Moshé les réprimanda par allusion uniquement, afin de ne pas froisser leur kavod. Il cita les endroits suivants :
- Le désert (lorsqu’ils préférèrent mourir en Egypte plutôt que de faim dans le désert)
- Arava (Arvot Moav où ils furent coupables de Avoda Zara avec Baal Péor)
- En face de la mer (lorsqu’ils furent acculés par les égyptiens et les bêtes sauvages d’un côté et la mer de l’autre, ils se plaignirent : « n’y a-t-il pas de tombes en Egypte pour nous avoir emmené ici pour mourir ? »),
- Paran (le nom du désert d’où ils envoyèrent les explorateurs)
- Tofèl et Lavan (au nom de leurs plaintes concernant la Manne qui était blanche)
- ‘Hatsérot (où eut lieu la révolte de Kora’h contre Moshé et la tribu de Lévi)
- Di Zahav (en référence au Veau d’Or : Eguèl haZahav)
Ces deux derniers points nous interrogent : on sait que la faute du Veau d’Or eut lieu avant la révolte de Kora’h. Pourquoi Moshé Rabénou les réprimanda dans le mauvais ordre ? Il aurait dû commencer par le Veau d’Or puis par Kora’h !
Le Rav Tsvi Hirsch Ferber (de Londres) explique qu’il y avait lieu d’être indulgent après la faute du Veau d’Or, puisque les Bné Israël sortaient de 210 ans en Egypte, berceau de l’idolâtrie, et avaient donc forcément été influencés par leurs bourreaux. Cependant, lorsqu’ils fautèrent avec Kora’h, il fut alors clair qu’ils n’avaient en rien été influencés. En effet, les égyptiens, bien qu’asservissant terriblement les Bné Israël, prenaient garde à protéger la tribu de Lévi, et en tant que représentants du culte divin, ils se préoccupèrent de leur bien-être même au plus haut de la période famine. Ainsi, si les Bné Israël avaient vraiment été influencés des égyptiens, ils auraient dû l’être aussi pour les bonnes choses. En fautant avec Kora’h en méprisant la tribu de Lévi, il était clair que leur passage forcé en Egypte n’était en rien responsable de leurs maux, réveillant ainsi l’accusation divine concernant la faute du Veau d’Or.
Nous apprenons donc ici encore un fondement déjà évoqué par le passé : l’Homme fixe lui-même comment Hachem le jugera, évidemment par ses propres actions, mais surtout par les contradictions évidentes qu’il soulève de lui-même par son comportement.