La paracha commence par l’ordre de ne pas accepter de pots de vin. Nous croyons, par erreur, que cette mitsva ne concerne que les juges du Bet Din. Cependant, Rav Israël Salanter explique que chacun d’entre nous est juge, lorsqu’il tranche à chaque instant de sa vie si telle action doit être elle faite ou non. Nous devons donc veiller à ne pas nous aveugler nous-même, en se corrompant, rendant ainsi erronées les décisions prises.
Citons la parabole suivante. Un villageois simplet amassa une grande quantité de foin dans sa charrette, tellement grande qu’il n’arrivait pas passer la porte de sa grange. Il frappa son cheval, en vain. A ce moment, un plaisantin passa et lui trouva une “solution” : “Ne frappe pas ton pauvre cheval, mais achète moi cette paire de jumelles, observe la porte de ta grange à travers et tu verras qu’elle sera plus grande et te permettra d’y faire rentrer ta charrette“. Le villageois suivit ses conseils, observa par les jumelles mais n’arriva toujours pas à faire pénétrer le foin. Devant les protestations, le plaisantin lui donna un second conseil : “Quand tu regardes ton foin, saisi tes jumelles à l’envers, et ainsi les bottes diminueront et rentreront dans la grange“. Étonné d’apprendre qu’il existait un deuxième sens aux jumelles, le villageois suivit les conseils, toujours sans succès. Un ami qui passait l’interpelle : “Idiot ! Regarder à travers des jumelles ne change pas la réalité ! Tu ne peux pas regarder du côté qui t’intéresse et grandir ou rétrécir à ta guise ! La solution est simple : retire une partie du foin et ta charrette entrera“.
Pour nous, le message est clair. Nous entamons le mois de Elloul, propice au repentir et au pardon, qui introduira le Grand Jugement où seront scrutées nos actions, et où décision sera prise quant à notre avenir : mériterons-nous d’avoir une longue vie, une bonne santé, de la parnassa, des joies et du bonheur ?
Soyons honnêtes : nous ne tremblons malheureusement pas en voyant ce jugement tellement terrible arriver à grand pas ! La raison est simple : nous arrivons avec notre charrette remplie de faute (pas assez d’étude de Thora, lachon hara, pas assez de Tsédaka …). Mais la porte de la grange est très haute : la clémence divine est énorme et nous nous reposons sur les 13 attributs de miséricorde d’Hachem. Nous devons prendre conscience qu’il y a une limite à la bonté divine.
Nous nous versons à nous-même des pots de vin, pour nous convaincre que nous n’avons rien à craindre : nous nous sommes créer une paire de jumelles extraordinaire, qui donne l’effet de décupler la bonté divine, et nous la retournons lorsqu’il s’agit de nous introspecter et de mesurer nos fautes. Ainsi, nous sommes persuadés que nous passerons facilement le Jugement de Roch Hachana !
Remettons donc la paire de jumelles dans le bon sens et ainsi, nous prendrons conscience de notre réél niveau devant la gravité des échéances à venir !