
La paracha traite de l’inauguration du Mishkan. Il y eut un différend entre Moshé et Aharon concernant la consommation d’un sacrifice expiatoire, qui fut brûlé, alors que Moshé leur avait demandé de le consommer. Après s’être expliqués, Moshé Rabénou accepta l’argument d’Aharon et s’exprima ainsi : « וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה וַיִּיטַב בְּעֵינָיו – Moshé entendit, et il approuva ».
Notre maître Rashi cite la Guémara de Zevakhim : « Moshé reconnut la vérité et n’eut pas honte de dire qu’il n’avait pas entendu [cette halakha de la bouche d’Hashem] ; en réalité, il dit : “J’avais entendu et j’ai oublié” ».
A priori, on peut s’étonner : comment Moshé Rabénou a-t-il pu se permettre d’avouer son oubli ? Ne risquait-il pas d’offrir ainsi aux hérétiques un prétexte pour tourner en dérision tout le reste de son enseignement ? Ils pourraient dire : « Pourquoi accepter toutes les halakhot qu’il nous a transmises au Sinaï ? De même qu’il a oublié cette règle, peut-être a-t-il oublié ou confondu d’autres lois ; on ne peut donc pas se fier à lui » !
Nous trouvons pourtant qu’Hakadosh Baroukh Hou Lui-même dit lors de la Création du Monde : « נַעֲשֶׂה אָדָם – Faisons l’homme » afin de nous enseigner l’humilité : le grand doit consulter le petit. Bien que cette tournure fournisse aux hérétiques l’occasion de prétendre que les anges ont « aidé » Hashem à créer l’Homme, Hakadosh Baroukh Hou dit à Moshé : « Écris, et que celui qui veut se tromper se trompe ».
Notre maître Rav El’hanan Wasserman explique que la racine des hérétiques ne provient pas d’une méprise sur le sens littéral d’un verset ; elle jaillit du désir des passions. Pour « légitimer » leurs penchants, ils se servent ensuite de versets de la Thora comme prétendu appui. Il n’y a donc aucun inconvénient à dire la vérité et, au passage, à enseigner une vertu : cela ne cause aucun dommage. Tout « celui qui veut se tromper », déjà en quête d’un alibi pour suivre ses désirs, trouvera bien un prétexte.
À la lumière de cela, on comprend ici aussi que Moshé Rabénou ne s’est pas abstenu d’inculquer à Israël la qualité d’admettre la vérité, en confessant : « J’avais entendu et j’ai oublié ». Certes, cela ouvre la porte aux hérétiques pour affirmer qu’on ne peut pas se fier à lui ; mais celui qui veut s’attacher à la vérité reconnaîtra la vérité. Seul « celui qui veut se tromper », qui de toute façon refuse de reconnaître la vérité et cherche un simple prétexte, exploitera cet aveu ; en réalité, il n’en résultera aucun tort pour le Am Israël.
La leçon pour nous est considérable. Bien souvent, nous pouvons accomplir de grandes choses pour renforcer et affermir la Thora dans nos rangs ; dans ces situations, il ne faut pas craindre le regard des milieux “plus éloignés”. Notre Thora sacrée est une Thora de vérité et elle proclame par elle-même sa véracité. Celui qui veut s’égarer à cause de ses désirs s’égarera malgré tout. Nous n’avons pas à sacrifier une vertu — reconnaître nos erreurs, dire la vérité, promouvoir la Thora — sous la pression de ceux qui disent : « Que dira-t-on ? ».