Dans la paracha Behar, il est écrit : « lorsque ton frère sera dans le besoin, et qu’il tendra sa main, tu le soutiendra ».
Rachi nous enseigne qu’il ne faut surtout pas attendre son effondrement complet pour commencer à l’aider, mais la Tsédaka doit être distribuée dès que les premiers signes de détresse apparaissent.
Le Midrach nous apprend que l’obligation d’aider un même juif dans le besoin est en vigueur même plusieurs fois, tant que le besoin se fait sentir.
Pour celui qui pense qu’il ne doit pas faire de ‘Héssèd, suivant ainsi les conseils du Yétsèr Hara (mauvais penchant) prétextant que cela lui prendra trop de temps, lui coûtera trop d’argent, ou lui causera un tort dans son Chalom Bayït (paix dans le foyer), voici une histoire qui fournira toutes les réponses.
En 5683 – 1923, lorsque notre maître le Hafets Haïm fut à Vienne, pour le premiers grand congrès de la Agoudat Israël, il fut hébergé chez un proche, chargé de filtrer les visites et de le laisser étudier sans être trop dérangé.
Les juifs nombreux, venus parfois de très loin pour avoir la chance d’apercevoir le chef spirituel des juifs en Europe, demandaient, sans succès, à cet hôte de pénétrer dans la maison pour voir de plus près le Hafets Haïm et recevoir une bénédiction.
Un illustre juif, venu spécialement d’Angleterre, demanda à être reçu par le Rav quelques instants, afin de lui demander son jugement sur « une question déterminante pour son avenir ». Sa requête fut acceptée, et on l’assit près du maître, prêt à réciter le Birkat Hamazone. Lorsqu’il termina le chapitre des Téhilim en guise d’introduction, le Hafets Haïm se tourna vers son invité – qu’il n’avait jamais vu – et le questionna. « Comment David haMélèkh, dans son Téhilim, peut-il dire ‘‘אך טוב וחסד ירדפוני כל ימי חיי – puissent uniquement le Bien et la Bonté me poursuivre toute ma vie’’ ? Certes, le Mal et le Yétser Hara poursuivent l’Homme, mais il est censé poursuivre lui-même le Bien et la Bonté ! ».
Notre maître expliqua donc ainsi l’enseignement de David haMélèkh. L’Homme croit parfois que ses entreprises et actions de Bien et de Bonté le poursuivent dans sa vie quotidienne : elles lui font perdre son précieux temps, le gênent dans son travail, lui causent des pertes financières, troublent la sérénité de son couple … Si l’Homme pense qu’il est poursuivi, David enseigne : ‘‘puissent uniquement le Bien et la Bonté me poursuivre toute ma vie’’, c’est-à-dire qu’il faut s’entêter à qu’il y ait uniquement ces poursuites, car elles amèneront forcément la suite du verset : ‘‘ושבתי בבית ד’ כל ימי חיי – je résiderai dans la demeure divine [le Beth Hamidrash] éternellement’’.
Dès que le Hafets Haïm termina, le juif anglais se leva, salua le Rav et prit congé. L’hôte l’interrogea : « Je ne comprends pas ! Vous m’aviez dit qu’il s’agit d’une question déterminante, et vous partez sans même lui poser ! ». Il répondit : « Dans ma ville, j’ai développé ces dernières années de nombreuses institutions : un Talmoud Thora, un Gma’h (caisse de prêt sans intérêt) … Le tout pèse sur ma présence au travail et sur ma réussite professionnelle. Ma femme m’a donc demandé de transférer la gestion de ces institutions à d’autres, ce qui a pu dégrader la paix dans notre foyer. Ainsi, nous avons décidé d’un commun accord de demander au maître de la génération de trancher.
Par un enseignement quasi-prophétique, avant même que je ne le questionne, j’ai obtenu ma réponse : si l’Homme pense qu’il est poursuivi, David haMélèkh enseigne : qu’il faut s’entêter, car elles amèneront forcément à la suite du verset : ‘‘je résiderai dans la demeure divine [le Beth Hamidrash] éternellement’’.