La Michna dans Pirkei Avot nous enseigne : « Observes trois choses et tu ne viendras pas à fauter : saches d’où tu viens, vers où tu vas, et à qui tu devras rendre des comptes ».
Rav Haim de Volozin dans Rouakh Haim écrit que ces trois choses apparaissent dans la Paracha des tsitsit à la fin de notre Sidra, où le mot tsitsit revient à trois reprises, car il symbolise le regard (regarder en hébreu se traduit « metsitse »).
« Lédorotam » : une génération en remplace une autre : cela correspond à la première question « d’où viens tu ? ».
« Tékhélèt » : takhlit c’est-à-dire le but : vers où vas-tu ?
« Ouritèm oto » : le Talmud de Jérusalem explique que le mot « oto » fait référence à Hachem devant qui l’homme devra rendre des comptes ; dans la Guémara Ménakhot, il est écrit que celui qui fait attention à accomplir la mitsva de tsitsit aura le mérite de recevoir la Chékhina, la présence divine.
Le Tékhélèt (bleu azur) symbolise la mer, car nous évoluons dans la Torah comme des poissons dans l’eau ; si jamais ils sortent de l’eau, ils meurent; il en est de même pour nous, si on se sépare de la Torah, on se détache de la vie.
Le Tékhélèt symbolise aussi les Mitsvots qui sont les actions positives, c’est donc la couleur et le blanc symbolise les interdictions de la Torah. La première Michna dans Brakhot nous enseigne à partir de quel moment on peut lire le Chéma du matin : selon un avis, ce sera possible de lire le Chéma quand il est possible de distinguer entre le Tékhélèt et le blanc; selon Rabbi Eliézer, on ne pourra le réciter que lorsqu’il sera possible de distinguer entre le Tékhélét et le carti (verdâtre).
Pourquoi nos Sages ont choisi ces couleurs en particulier ? D’après l’idée que nous avons développée plus haut, ces couleurs symbolisent le moment où l’homme peut accepter le Joug Divin « Kabalat ol malkhout chamaim ». Lorsque l’homme est en mesure de discerner entre le Tékhélét (de l’étymologie Takhlit, le but) et le Karti (de l’étymologie karète, couper, séparer), il a alors la capacité d’analyser ses différents actes ; est ce que ces derniers le rapproche du but, c’est-à-dire Hachem, ou peut être que malheureusement, il se détache de la vie (karète). Dans cette analyse, il convient d’être très rigoureux, en effet la différence entre le bien et le mal peut souvent être très trompeuse.
Selon la première opinion, il faut être en mesure de distinguer entre le Tékhélèt et le blanc, la Guémara explique que dans la laine il faut repérer les fils qui sont restés blancs (c’est-à-dire les endroits où la teinture n’a pas pris) ; l’acceptation du Joug Divin exige de l’homme de distinguer si bonnes actions ne comportent pas de couleur blanche : est-ce que toutes ses actions proviennent d’un fond pur et objectif ou au contraire est ce qu’elles sont motivées par quelque chose de subjectif ?
(Inspiré du Rav Daniel Ashkénazi)